Dans les mains de l’ostéo … tout un monde !!

« Mais vous arrivez à sentir quelque chose avec tous ces poils ?? »

La question débarque assez régulièrement en consultation. En général la première réponse qui me vient c’est : « Ben heureusement !! » 
Et après je tente d’expliquer… car la 2e réponse qui me vient c’est
« OOooooh mais tellement de choses si vous saviez ! »

Déjà il y a les choses évidentes et très concrètes : Il y a la température des tissus, leur souplesse, leur mobilité, leurs réactions à mes propres mouvements et contacts.
Il y a évidemment toutes les informations visuelles qui s’ajoutent : zone anormale dans le pelage, pellicules, réactions de l’animal, gestes d’évitements, ou lâcher prise lors du toucher

Et puis il y a tout un monde là-dessous sur lequel il est parfois difficile de mettre des mots. Certaines approches nous aident à qualifier ces sensations, par exemple en termes de densité, tension et vitesse : Je sens si c’est dense (prune trop mure ou balle de golf ?), si c’est tendu (élastique relâché, tension légère, tension très forte), et si ça bouge vite.

Car oui les tissus ont un certain mouvement et sont très enclins à se servir de nos mains pour dérouler le mouvement qui sera nécessaire à leur réharmonisation

Ce mouvement sous mes mains va prendre une certaine amplitude, une fréquence, une direction, faire des arrêts, dérouler un schéma, une histoire...
Vous savez quand vous avez vécu quelque chose de difficile et que vous avez besoin d’en parler, et que vous racontez votre histoire à vos proches ou à votre psy, encore et encore, jusqu’à ce que ça ne fasse plus mal ?
Ben voilà, les corps me racontent. (Les âme me racontent aussi mais ça c’est une autre histoire 😊)

Donc concrètement je suis là à écouter l’histoire de tel muscle, de telle articulation, ligament, système, membre, zone, organe... L’histoire est dictée dans ma main et va s’accompagner de toutes ces sensations physiques, tous ces paramètres de la dysfonction. Sous mes mains, ça bouge, c’est vivant, ça se gonfle et se dégonfle, ça oscille, c’est un flux, une marée dont les vagues frappent parfois un rocher, ça part vite puis ça ralenti, ça s’arrête, appuyé bien là contre moi, juste pour une pause ou car cela a besoin d’un coup de main, d’une impulsion ou d’une question pour relancer le dialogue.

Cela évolue, une zone « dure » s’assouplit, une zone silencieuse quelques minutes auparavant s’exprime au travers de ses propres moyens de communication.
Immobilité… mouvement..., les sensations changent à chaque étape.
Dans les mains en plus des sensations du corps de l’autre il y a les perceptions annexes : ça pique, ça chauffe, ça fourmille, je sens des trop pleins ou au contraire des vides d’énergie. Ma main peut s’arrêter sur un endroit en demande, ajouter quelques outils cachés au fond de ma mallettes puis réécouter la suite du récit. Également quelques sensations ou émotions qui passent à travers mon propre corps, on fait avec et on l’intègre dans l’histoire.

Car c’est dans cette histoire que tout se joue. « Seuls les tissus savent » et dans le dialogue silencieux entre mes mains, mon corps, son corps, nos êtres, les traumatismes (mineurs ou majeurs) se manifestent, se racontent, s’écoutent, sont accompagnés dans leur mouvement de libération.